lundi 17 mai 2010

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éditorial,
par Mathias Trivès


On est pris, entre les angles d’un réel insupportable, que l’on se surprend à accepter, sans faire de vagues, abaissant le regard et la voix. En recherche d’assurance, nous sommes aussi source de frontières, de plus en plus marquées, à mesure que s’épaissit notre peau d’angoisse. Et pour monter un peu plus haut les murs, rajouter du ciment aux silences qui nous séparent, on se sert de nos craintes pour mieux vanter les mérites d’un tout sécuritaire. Soigner les symptômes, effacer la dissidence, telles sont les directives, pour préserver une surface, calme et sans surprises, terre de profit. Alors quelle place pour une activité non rentable comme la poésie ? Quel rôle peut-elle jouer en ces temps d’inquiétudes économiques et de crispations sociales aux lourds échos nationalistes ?

Monde libéral, il n’y a pourtant jamais eu autant de censure qu’à notre époque : formatage des sons, lissage des mots, culte de l’image. Et c’est justement en réaction à cette uniformisation des masses, que la poésie s’insurge dans un élan d’être, par une délocalisation de la pensée et un exode des mots. Les versets de Walt Whitman me reviennent alors à l’esprit : « Congédiés les credo, congédiés les écoles/Ayant pris mesure exacte d’eux sans mépris mais avec du recul ». On n’apprend pas à faire de la poésie. La poésie est buissonnière, on la rencontre en marge des codes. Langue irrégulière, fidèle à nos profondeurs, prenant en charge notre « négativité ». Langue étrangère inventée, pour symboliser « l’Informulable », avec laquelle tant d’auteurs nous ont bouleversés, en transformant leur « Mal » en beauté.

Si la poésie est libre, elle rayonne d’une liberté de protestation dans le présent. Contestation canalisée dans un acte créateur, pour briser le ressassement d’un passé et l’illusion fade d’un bonheur à venir. Et peut-être éviter de voir, la brutalité d’un Ça sans médiation, banalisée et racoleuse, surgir et se vendre aux premières heures d’écoute.



sic16_mai_2010

lundi 3 mai 2010

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editorial,
por Pierre Hunout


Não! Nem todos os poetas já morreram! A poesia é arte, é falar, é a arte de falar –às vezes ficando calado– e falar quer seja a língua, quer seja a época, o poema é que fala. Falar sobre os abismos, as serpentes e a realidade que revela uma outra face, a que esse mundo cada vez mais esconde, isto é, falar de tudo aquilo que nos rodeia. Daí, como falar de poesia sem ser chato (já que não é fácil, pois ao pronunciar a palavra já se afastou a metade mais um terço do público)? E como mostrar às pessoas que a poesia é uma arte oral e sendo assim uma arte viva, bem como o teatro ou ainda a música?

Foi no seio destas perguntas que surgiu o colectivo de poetas dixit, associação criada há 6 anos por quatro estudantes da Faculdade de Letras de Toulouse (França). Desde o princípio o objectivo foi (e continua sendo) caminhar na poesia contemporânea, de um lado publicando uma revista semestral com uma nova geração de poetas e, do outro, lendo em público tanto os seus poemas como autores franceses e estrangeiros menos conhecidos. Por exemplo, foram tirados da sombra os surrealistas esquecidos ou ainda os poetas da Beat Generation. Portanto, a dixit aponta uma experiênça partilhada, fora de qualquer concorrência, mas sim na emulação, no interesse comum para aquilo que o outro faz e tem para dizer. É que saber ouvir e ter bons olhos parecem-nos os pré-requisitos para se tornar poeta. Ou seja, a dixit é apenas uma tentativa para alargar o horizonte e a criatividade de cada um dos seus autores, e por consequência, dos seus leitores/ouvintes.

Há um ano, lançámos o impresso que está a ler neste momento. E queriamos alguma coisa gratuita e disponível em sítios a que a poesia muitas vezes não chega. Podia ser, sei-lá!, uma padaria, um bar de noite ou a esplanada da Faculdade de Letras. De qualquer modo, o objectivo era (e continua sendo) que cada um possa ler um pouco de poesia uma vez por mês e mostrar que não é uma arte reservada a um elite. Longe disso, a poesia é viva e, na nossa opinião, ajuda a pensar o mundo na sua diversidade.

Hoje em dia, estamos felizes por este número especial Portugal sair nas duas línguas, francês e português. Uma oportunidade para fortalecer as pontes entre duas terras cujas histórias são estreitamente ligadas. Um número especial para o público francês se interessar mais no que se diz depois do Pessoa e o público português ficar mais atento às novas gerações da poesia francesa.

Esperando que goste, até breve!





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mardi 6 avril 2010

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éditorial,
par Matthieu Marie-Céline


Dans cette nouvelle ère, hors saison devenue, le poème est de moins en moins prisonnier de son temps. Et pour souligner cette vision, le Hurlement de Ginsberg que notre collectif fait tourner depuis décembre déjà et qui n’a pas pris une ride, porte son évidente actualité à mon cerveau. Je pense régulièrement dans une idée analogue que le poème sait s’écrire dans tous nos gestes et tous nos agissements, avant de passer par les mots. Sans dogme ou quelque diktat que ce soit, nous soumettant encore. Je crois qu’il suinte, qu’il transpire les murs et déshabille les êtres. Qu’il nettoie la race humaine de cette crasse dont elle sait si bien se parer et la révèle.

Ce mois-ci deux déclinaisons de cette approche vous seront présentées : la première, à nue, autrement dit sans musique sinon celle des poètes seuls, une nouvelle lecture proposée par dixit au Cherche Ardeur autour de Whitman et autres Pessoa ou Garcia Lorca, le 15 avril aux alentours de 20 heures ; la seconde est une rencontre des mots avec la matière sonore conçue par Thierry Acot-Mirande et les musiciens qui l’accompagnent, le 22 avril prochain, même lieu et place. Et s’il s’agit de rencontre entre la musique et les mots, il s’agit aussi de rencontre entre son auteur et le poème qu’il tonne. Comme il s’agit de matière avec les mots. De cette matière à travailler, à triturer, de cette matière que l’on tente peut-être bien de dompter ; pour écrire, passer par le corps en premier comme l’attestent les Techniciens du sacré, dompter le verbe comme il en va de dompter les muscles. Et de semaine en semaine, de mois en mois, au travers de nos propositions toujours faites des poèmes que l’on vient défendre, au travers de nos déchiffrages toujours subjectifs d’hommes et de femmes dont on aime partager la poésie comme ce mois-ci avec Jean-Pierre Duprey : révéler cette matière ou plutôt faire en sorte qu’elle nous révèle. Et dresser chaque verbe à sa place propre pour ériger l’édifice.

Edifice d’autant plus difficile à monter que l’ère nouvelle, encore elle, est souvent malhonnête – ce qui du reste n’est pas propre à notre vingt et unième siècle – et force la vigilance de chacun. Enfin : ne pas oublier que l’époque est à nous et qu’il ne tient qu’à la race humaine de la rendre viable, à tout le moins supportable. Si c’est là l’ambition que l’on s’autorise.



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mardi 9 mars 2010

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éditorial,
par Pierre Hunout


C’est une île en forme de chien assis, la tête inclinée pour scruter l’énigme de l’eau. Le chien a les oreilles en alerte parce qu’il reçoit des nouvelles du vent tandis qu’il sent et regarde la mer. Le chien est assis dans l’Atlantique.
Herberto Helder, Photomaton & Vox

Quand la terre tremble, quand les eaux enjambent la maison, d’Haïti à Madère, de Frankétienne à Herberto Helder, les poètes sont tous insulaires, même les autres. Ils sont un parmi la foule interdite, un regard d’avec les mains, mais d’avec ces mains vides qui redonnent des armes à ceux qui ont tout perdu. Depuis le centre aux alentours du chaos, il ne peut y avoir de parenthèses pour celui qui parle, au contraire. Face à la catastrophe, leur mot d’ordre est de ne jamais laisser la bouche se taire, même en désordre. C’est qu’avec eux, on convie l’espoir à la table, on le porte sur ses épaules, on se réunit autour d’un maigre morceau de pain, un peu de mie pour combler toutes les bouches. Alors on célèbre, on traverse la tragédie, on s’emmène soi-même là où franchir le bruit et la fureur, où ne plus jamais oublier de se rire.

A Funchal, elles sont venues les pluies d’Herberto Helder qui pressentait déjà qu’il serait possible de marcher nu sous l’eau chantante, quand les chemins se confondent, qu’y disparait l’ordre fragile qui se crée pour marcher sur l’abîme. De l’autre côté de l’océan, quelques heures après le désastre, Frankétienne trimballe son corps colossal dans les rues dévastées de Port-au-Prince, et rappelle qu’il arrivera souvent que l’on fléchisse, que l’on tombe, mais il nous faudra alors apprendre à chevaucher notre chute. Après toute l’eau du ciel, après que la terre a renversé la maison, la peine et la douleur peu à peu s’effaceront, restera encore ce poème où pèsent tous les possibles.

À fond d’abîme
la fête nocturne.
Hanches massacrées à coups de hache. Désastre irréparable.
Et dans l’espace futur, la persistance d’un cri.
Frankétienne, Ultravocal



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mercredi 10 février 2010

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éditorial,
par Benjamin Alexandre


De vous à moi, j’ai toujours pensé qu’un poème se lisait avec les dents. Comprenez par là que je crois plus fermement à l’intelligence des mâchoires (et du corps en général) qu’à celle de mon modeste cerveau.

Plus sérieusement, j’avoue faire partie de ces lecteurs qui, face au poème, ne font pas d’abord appel « au sens » mais « aux sens ». La poésie est aussi et surtout affaire de corps. En cela, elle est accessible à tous.

Nombreux, pourtant, sont ceux qui pensent ne pas être suffisamment « instruits » ou « initiés » pour oser se plonger dans des oeuvres jugées hermétiques par des « spécialistes » ou qui s’excusent platement de ne pas « comprendre » un texte cependant qu’ils en admettent la beauté.

Et c’est certainement notre rôle que de rappeler ici qu’il est libre à chacun d’occuper comme il l’entend l’espace de liberté absolue qu’est le poème. Ne cherchez pas de clef... Il n y a aucune serrure!

De serrure, il n y en a pas non plus sur ces portes derrière lesquelles nous tentons modestement de mettre en voix et en corps des oeuvres comme celles de Patrick Bouvet, poète contemporain au verbe plastique, ou celles, plus récentes encore, de Matthieu Marie-Céline et de Pierre Hunout, membres actifs et talentueux de notre collectif. Dire que la poésie est affaire de corps n’est donc pas seulement une image mais une réalité physique que nous nous efforçons d’incarner au travers de ces lectures/performances données régulièrement dans des lieux aussi divers et populaires que la Loupiote, le Caméléon ou encore le Cherche Ardeur.

Reste maintenant à franchir le pas, à pousser définitivement les portes que ce numéro de sic entrouvre pour vous sur les oeuvres de Kenneth White et Patrick Bouvet, sur le travail d’éditeur d’André Velter ou encore sur les textes de Matthias Trivès, Matthieu Marie-Céline et Pierre Hunout.

Bonne lecture.



sic13_février_2010

lundi 11 janvier 2010

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éditorial,
par Mathias Trivès


La poésie est un lieu de rendez-vous. [sic] déplie son espace poétique réinventé, peuplé de murmures et de cris, d’ombres et de blancheurs, sur le seuil de cette nouvelle année.
Un an de plus mais la poésie elle, ne cesse de rajeunir à travers la multiplicité de ses formes, et de ses tentatives réitérées pour saisir ce qui sans cesse se dérobe. Elle se transforme pour rester moderne, vecteur humain d’une époque. Aussi, en ces temps de modernisation, il n’est pas étonnant d’assister à l’émergence de revues telles que Dixit ou Gruppen. Car dans ce contexte de déshumanisation, la poésie résonne entre nos tempes comme un réveil, ramenant à la surface, ce désir d’« être au monde » et de l’habiter pleinement, en tant que sujet. Ainsi dans ce numéro du mois de janvier, [sic] donne à entendre les voix libres et libératrices de Laurence Barrère, Anouk et Pierre Hunout, dont les vers brefs sont autant de paroles en infraction face au silence.
Construire son avenir c’est aussi choisir son passé. C’est pourquoi, cette année, nos premiers pas en poésie se font dans la lecture, qui nous apprend à sortir de nous-mêmes et nous révèle des racines secrètes. La poésie débute toujours par une rencontre, provoquant une émotion qui ne nous quittera plus et nous aidera à appréhender le monde avec un regard neuf. Il paraît alors naturel, de chercher sa voie aussi dans la voix des autres. En témoigne le collectif dixit qui en ces temps de crise, s’est découvert des échos lointains avec les poètes de la Beat Generation, mouvement artistique qui ébranla la société américaine des années 60. « Beat » pour évocation d’un écrasement social, mais aussi brisure, rythme et spontanéité à travers l’invention d’un nouveau langage tout en rupture, influencé par le jazz. Dans la même lignée, Thierry Acot-Mirande et Anthony Clément nous font découvrir une oeuvre inédite en France du poète américain Ted Berrigan, poète contemporain de la Beat Generation.
Benjamin Alexandre, quant à lui, mettra en voix un texte de Bernard Hréglich, poète méconnu, disparu en 1996, frappé par la maladie et hanté par la mort à venir, qui offre une écriture exigeante, faisant de la poésie, le lieu d’un salut, une protection face aux dangers du réel et un moyen de révolte illustrant une profonde douleur d’être au monde.
Cette nouvelle année pour [sic] s’ouvre donc sous le signe de la dualité. Une démarche poétique passant par les étapes nécessaires et enrichissantes de la rencontre et de l’échange, pour accéder à une reconnaissance de soi en accord avec le monde.



lundi 14 décembre 2009

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éditorial,
par Pierre Hunout


Portugal, ma mer d’accueil et terre d’exilés, terre !, là-bas, aux confins occidentaux de l’Europe, Portugal, nous voilà !

Ce mois-ci, [sic] ouvre son espace à la poésie portugaise, pour un numéro spécial, un [sic] double, en français ET en portugais, un [sic] dans une langue qui n’est pas la sienne, mais la poésie en a-t-elle une, de langue, ou sinon, le langage ? Un numéro spécial, donc, pour fortifier les ponts et maintenir la lucarne ouverte. Evidemment, ces quelques pages ne suffiront jamais à faire le tour de la question, et d’ailleurs, là n’est pas l’objectif (à peine une esquisse). Plus humblement, notre volonté, nous dixit, se limite à cette attention envers ce que l’Autre a à nous dire, à nous conter.

Au travers de deux exemples de maison d’édition, Assírio & Alvim et & etc, il nous a semblé juste de rendre hommage à ceux qui diffusent la poésie au Portugal, car la diffuser c’est aussi faire la poésie. Ces acteurs essentiels et trop souvent ignorés ou au moins pas considérés à leur juste valeur, nous, dixit toujours, nous reconnaissons dans cette logique qui échappe au marché-roi. A l’image de & etc, nous pensons également que certains échecs peuvent révèler cette face cachée par le monde dont nous parle si bien Jaime Rocha.

De Lisbonne au chaos, de Herberto Helder à l’ombre gigantesque de Fernando Pessoa, la littérature portugaise s’est émancipée de l’époque salazariste et se réinvente, à l’image d’une terre où le temps rebrousse tous les chemins, une terre qui se confond avec son histoire maritime, comme des vagues qui sans cesse ramènent au-dessus ce qui alors se tenait sur le sol, donc la poésie.

Portugal, tant d’amours, et jamais plus je ne connaitrai la saudade.





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lundi 16 novembre 2009

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éditorial,
par Laurence Barrère


Parce que la poésie n’est pas un long poème d’automne, parce que dans l’éloignement comme dans la proximité, il s’agit d’exister, de faire exister. Parce qu’étonnament je me rends compte que c’est souvent dans le milieu éditorial, ce beau milieu des lettres, que la poésie reste décriée; une ineptie. [Sic] revendique. [Sic] parle d’aliénation. Mois aprés mois nous donnons un espace à de nouvelles bouches, à des bouches présentes.L’exemple ce mois ci avec un poème de Sarah Ouhayar, jeune poète slammeuse à la parole de flamme.

Parce qu’il est terrifiant d’approcher ce milieu que l’on nomme les lettres, et de n’y sentir que des sourcils cyniques face à la poésie. Pire : à sa passion, au désir d’écriture qu’elle anime pourtant en chacun de nous. Nous imprimons alors un espace libre, contre les mangeurs d’espace, contre les effaceurs de livres. A l’heure du livre sans chair, à l’heure du livre qui fait vendre, nous choisissons un espace dissident. Un espace où pratiquer la simplicité, et sa passion. L’inverse. Poésie réversible et renversante qui s’achemine entre les sens, entre les papilles. Tantôt célébrant l’autre, tantôt l’inventant, [sic] ne célèbre pas l’état du poète, mais l’espace qu’il rend possible. Et il y a du féminin dans la voix ce mois-ci, vers toujours plus de simplicité. La nature des choses. Avec Clara Janès, et son Livre d’aliénations, à paraître très prochainement chez Délit éditions, l’aliénation est multiple. L’érotisme infuse. Et parce que la poésie est partout, comme en témoigne l’hommage à Brigitte Fontaine, pyromane de l’âme , dans son dernier album. Nous désaliéner. Nous apprendre à décliner les paniques et les désinences du vide.

« Ecrire c’est disposer le langage sous la fascination » écrivait blanchot. C’est encore ce regard dont nous parlions, c’est encore cette faille que nous saisissons. C’est accepter la difficulté du sentiment. [Sic] revendique. [Sic] est libre. Parce qu’il y a des poètes inconnus, parfois comme des couteaux, qui vous sautent à la gorge avec leur poésie, parce qu’existe un espace unique où je puis me lover. Plurielle simplicité, [sic] continue d’éclore, assiste au phénomène du désir, de la création, de l’homme, de la femme : à l’omniprésence de l’aliénation.



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vendredi 23 octobre 2009

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éditorial,
par Anthony Clément

Il est comme un reflet d’eau des mouvements de l’âme. Il est une expérience immédiate de l’approche de l’être et du monde. Il est langage, mutisme ou preuve de l’intention. Il est tension. Transformation. Et l’on remarquera dans ce numéro du mois d’octobre combien son occurrence est significative. Le regard. Qu’est-ce qui retient le vôtre dans la rue ? Qu’est-ce qui déferre votre liberté mentale, son amplitude ? Votre regard lit-il entre les murs ? [sic], le mensuel irrationnel de dixit, vous fait une nouvelle fois lecteur de poésie malgré vous ; regardeur. Ici à ce comptoir, dans ce bar, assis dans ce théâtre ou debout dans cette librairie, il vous prend à l’improviste, vous fait partager le regard du poète au travers des prunelles noctambules de Patricia Castex Menier, présentée par Mathias Trivès, et qui rendent hommage au poète aveugle. Il vous dévisage avec un poème mythifiant de Thierry Acot-Mirande et un nouveau texte marie-célinien. Il vous filtre avec les mots d’argile de Lorand Gaspar, moissonnés par Laurence Barrère, et avec ceux d’Ismaël. Et il vous accueille avec un vers de José Maria Valverde :

L’aveugle :

Le va-et-vient des gens
est parfois un flot de sang qui me donne du courage […]
Le croisement



sic09_octobre_2009

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éditorial,
par Matthieu Marie-Céline


Chers vous, qui avez, je l’espère, de plus en plus le geste [sic] entre les doigts, j’ai aussi envie de croire que l’été désormais déclinant a apporté son lot de richesses, tant en rencontres qu’en découvertes en tout genre, bonnes ou moins bonnes comme cela a pu l’être pour nous, membres du collectif. Entre autres escapades de cette dernière saison sèche nous avons fait un tour à la 12ème édition du festival de poésie, Les voix de la Méditerranée, à Lodève. Bonnes et moins bonnes surprises s’y sont cotoyées. Et plus qu’hier, ce que l’on souhaite confirmer au travers de cet espace dépliable plié qu’est le mensuel de dixit, ce n’est non pas une idée de la poésie autoritaire et sûre d’elle, mais résolument un lieu où voir naître et pourquoi pas faire vivre des modes de poésie si on considère que ça existe, des modes de partage ; entre billets d’humeur, hommages aux auteurs d’une bibliothèque idéale et l’atelier de « libres-paroles » où se laissent entendre et lire des poètes (ou leurs poèmes) en gestation.

Avec [sic], le collectif vient à la rencontre de ceux qui ont déjà arpenté un voyage en ce pays mal aimé du langage, mais parce que c’est la «bonne parole», il aime aussi à partir en croisade et entonner ses vers à tous les profanes du genre. Récemment j’ai rencontré chez quelques-uns le sentiment comme la crainte de ne pas s’y connaître. Et alors ! S’y connait-on jamais en la matière ?

Aucun d’entre nous n’aura cette sorte de prétention, surtout que cela n’aurait aucun sens. En attendant, notre démarche est entamée et, à tout le moins, on peut s’y sentir plus à l’aise.

A l’aise, sans jamais penser qu’elle puisse être confortable, la poésie n’est pas effrayante, encore moins austère. Et je serais un crédule sans doute de dire que si tout un chacun ne s’adresse pas à elle, elle ne parle pas.



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